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Vendredi 28 / Concert L'ALBA
L'Alba A Principiu
Certains albums font avancer la musique. Ils ouvrent des voies, font émerger tout à coup des terres fertiles sur la mappemonde musicale, qui sans cesse redéfinit la géographie physique. A Principiu est de ceux-là. Si cette propension à l'ouverture est dans l'ADN de L'Alba, groupe corse qui a connu plusieurs vies depuis son apparition sur la scène locale avant de se stabiliser ces dernières années, cette fois le coup de barre est remarquable.
Le quatuor insulaire, noyau autour duquel gravite quelques musiciens réguliers, est là où on ne l'attend pas. La surprise, d'abord, dès le premier titre. Et encore, au fur et à mesure que les morceaux se suivent. Puis, tout à coup, on comprend. Tout s'éclaire : la Méditerranée n'est pas un espace qui sépare, divise Nord et Sud sur la carte, une frontière ; elle est un espace qui relie, où les identités se rencontrent. En Corse aussi, n'en déplaise aux esprits étriqués, aux pense-petits, auxquels cet album fait un magistral pied de nez musical.
La magie opère tout au long de ce voyage mi-réel mi-fantasmé, loin des stéréotypes : « De Gibraltar au Bosphore », situe Ghjuvan Francescu Mattei, l'un des chanteurs et guitaristes de la formation ; des studios britanniques de Real World d'où pourrait être sorti So Diventatu au désert des Touaregs pour Guarisce, a-t-on envie de compléter.Cette ligne de crête parcourue d'un bout à l'autre de l'album passe bien sûr par l'Île de Beauté, centrale, fondamentale dans la démarche de L'Alba. Paghjella, intitulé ainsi en référence à ce chant traditionnel polyphonique entré au patrimoine immatériel de l'Unesco depuis 2009, rappelle « la base du chant corse ».
Le respect des codes n'empêche pas de faire évoluer la matière. Les musiciens ont voulu prolonger ce qu'ils avaient déjà entrevu sur l'album précédent, A Parulluccia : l’accordéoniste Régis Gizavo « apportait ce qui manquait, un côté lumineux », explique Eric Ferrari, le bassiste. Tous deux s'étaient liés d'amitié lorsqu'ils jouaient pour I Muvrini.La disparition tragique du virtuose malgache en 2017, sur son île d'adoption, a secoué ses acolytes. Impossible, impensable de ne pas évoquer son souvenir sur ce nouveau disque. Alors ils ont convié sur Stragneri de l'internu (« étranger de l'intérieur », en français) le guitariste zimbabwéen Louis Mlhanga avec lequel le natif de Tulear avait beaucoup collaboré.
Plein tarif : 20 € / Tarif réduit (chômeurs / intermittents / - 12 ans / adhérents) : 15 €
Réservations au 06 77 11 40 23 ou sur Corse Billet
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